Troubles musculo-squelettiques en entreprise : un enjeu de santé prioritaire au travail

D’après l’Assurance Maladie, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont responsables de 4 maladies professionnelles sur 5 et de 30 % des arrêts de travail. Aujourd’hui, les prévenir doit être une priorité pour les entreprises.

Les TMS surviennent le plus souvent au niveau du dos et des membres supérieurs (poignets, épaules ou coudes). Ils touchent majoritairement les tissus mous, c’est-à-dire les articulations, muscles et tendons. Au quotidien, l’activité professionnelle est la première cause de développement de ces affections chez les individus. Néanmoins, ils ne sont pas une fatalité : les entreprises peuvent agir pour les éviter.

Des affections qui touchent tous les secteurs

« Les TMS sont le résultat de gestes répétitifs, de postures pénibles ou de cadences importantes qui sur-sollicitent les muscles, nerfs, tendons et ligaments, explique Alban Jourdet, ostéopathe et directeur de Neo Forma, organisme de formation spécialisé dans la prévention des TMS.

Les travailleurs des secteurs de l’agroalimentaire, de la métallurgie, la construction automobile, de l’aide et soin à la personne ou encore du BTP sont particulièrement exposés au risque de TMS. « Dans ces métiers, il est très important de s’échauffer avant sa prise de poste et de connaître les postures à adopter tout au long de la journée de travail. Quand on sait que 70 % des accidents de travail interviennent moins de 2h après la prise de poste, on comprend pourquoi il est si important de connaître son corps et de prendre ces sujets au sérieux ».

Néanmoins, aucun secteur n’est épargné par les TMS. « Les troubles musculosquelettiques touchent aussi les collaborateurs du secteur tertiaires, en particulier ceux qui travaillent sur écran », précise Alban Jourdet. En effet, les douleurs liées aux troubles musculo-squelettiques guettent les personnes sédentaires, dont la position assise prolongée favorise l’apparition de lombalgies, tendinites et autres troubles musculo-squelettiques invalidants.

Des conséquences non négligeables pour l’entreprise

Les troubles musculo-squelettiques sont donc un enjeu de santé publique, de santé au travail mais touchent également à la santé financière de l’entreprise. Pour cause, le développement de TMS augmente l’absentéisme des collaborateurs touchés, engendre une perte de productivité, de capacité de production et peut pousser des salariés à quitter l’entreprise. « Les TMS sont un enjeu social, économique et organisationnel pour les entreprises, ajoute Alban Jourdet. Ils coûtent cher aux organisations, sont délétères pour le climat social de l’entreprise et mettent à mal l’organisation du travail ». Au global, les TMS coûteraient environ 2 milliards d’euros en France par an aux entreprises.

Prévenir les TMS : une priorité en entreprise

Dépister et mettre en place des dispositifs durables permettant d’éviter l’apparition de TMS est donc un levier stratégique important pour les entreprises, sur le plan social comme économique. Pour Alban Jourdet, « La prévention des troubles musculosquelettiques est devenue un enjeu RSE de premier plan. Aujourd’hui, l’entreprise doit tout mettre en œuvre pour offrir les meilleures conditions de travail possibles aux collaborateurs en mettant la santé au cœur de leurs préoccupations ».

Une démarche qui passe par la mise en place d’outils d’évaluation des risques, l’organisation d’ateliers de prévention, un aménagement optimal des postes de travail, une réorganisation des rythmes et de la durée du travail etc.

Alors que le gouvernement a récemment tranché en faveur d’un recul de l’âge de la retraite, il y a fort à parier que ces sujets feront des émules au cours des prochaines années. « Il va falloir prendre ces enjeux à bras le corps pour accompagner l’évolution du monde du travail. Globalement, quand on parle de TMS, mieux vaut prévenir que guérir ! », conclut Alban Jourdet.