Salariés-aidants : bien accompagnés, ils sont un vrai plus pour l’entreprise

21% des salariés du secteur privé seraient aidants dans leur vie personnelle. Comment accompagner au mieux ces collaborateurs et les aider à libérer leur potentiel au travail ?

Ces dernières années, la question des aidants a été remise sur le devant de la scène par le gouvernement français à travers la publication de la stratégie nationale « Agir pour les aidants 2020-2022 ». Le plan vise à répondre aux besoins quotidiens des proches-aidants et enjoint les entreprises à prendre en compte cet enjeu dans leur stratégie de responsabilité sociale et environnementale. Alors comment agir concrètement sur le quotidien de ces salariés ?

Qui sont les proches aidants ?

Les aidants sont des personnes qui s’occupent d’une personne de leur entourage immédiat fragilisée par le handicap, la maladie, un accident de la vie ou l’âge. En France, ils seraient 11 millions à venir régulièrement en aide à un proche dépendant pour l’aider dans son quotidien : courses, ménage, toilette, préparation des repas, soutien moral, aide financière ou matérielle etc.

Au sein de cette catégorie de proches-aidants, 6 millions sont aussi des actifs qui doivent par conséquent mener de front vie professionnelle et soutien fréquent à leur proche dépendant. Malheureusement, beaucoup ne communiquent pas sur leur rôle d’aidant, comme en témoigne Pierre Denis, qui coordonne l’Observatoire des Salariés-Aidants mis en place en 2020 par La Mutuelle Générale : « Les collaborateurs ont encore peur de parler de leur statut d’aidant à leur supérieur, par peur d’être stigmatisés. Cela nous montre bien qu’il y a urgence à remettre l’humain au cœur de l’entreprise ». C’est d’ailleurs la crainte de dévoiler sa vie personnelle qui rend la situation d’aidance si difficile à détecter au travail : « Il est crucial de sensibiliser les collaborateurs d’entreprises à cet enjeu pour que les personnes concernées se sentent libres d’en parler à leurs collègues et à leur DRH. Et comme il y a autant de cas particuliers qu’il y a d’aidants, il faut mettre en place des dispositifs personnalisés et adaptés aux besoins de chacun ».

Les salariés-aidants : des collaborateurs plus fragiles

Tous les salariés-aidants ne sont pas égaux devant la tâche qui leur incombe. Alors que 62 % d’entre eux jugent leur état général « bon », ils sont 43 % à considérer que leur état de santé mentale est « moyen » voire « mauvais », un chiffre qui tombe à 34 % pour l’ensemble des salariés. Plus grave, 34 % se disent à bout de force et 28 % se déclarent en état de souffrance psychologique. « Il faut rappeler que le taux de mortalité est 4 fois plus important chez les aidants », précise Pierre Denis. Des données qui résultent du cumul des fragilités vécu par de nombreux salariés-aidants : troubles du sommeil, exposition à des pratiques addictives, difficultés financières ou encore isolement social.

D’après Pierre Denis, la place des aidants en entreprise est un enjeu de solidarité crucial pour penser le monde professionnel d’aujourd’hui et de demain : « Notre système de santé est déjà à bout de souffle et en 2030, plus de 10 % de la population aura plus de 75 ans. Forcément cela s’accompagnera d’une augmentation importante du nombre d’aidants. Aujourd’hui, le système de santé et les entreprises ne sont pas prêts à accueillir ce phénomène. Cela doit évoluer ».

Des compétences précieuses pour l’entreprise

Comment aborder la question des salariés-aidants sans souligner les compétences précieuses déployées par ces salariés dans leur vie de tous les jours et au travail ? Pour Pierre Denis, ces collaborateurs représentent un vivier important de qualités interpersonnelles, particulièrement utiles pour l’entreprise : « Ce sont des collaborateurs qui jonglent avec de nombreux aspects au quotidien, qui mènent de front leur carrière, leur vie personnelle et le quotidien de leur proche. Cela nécessite d’être capable de prendre des décisions, des initiatives, de faire preuve de coordination… Des atouts précieux au travail ! ». Parmi eux figurent aussi la capacité d’écoute, l’esprit d’analyse, l’aptitude à anticiper ou encore une grande adaptabilité. « Autant de qualités extrêmement prisées des employeurs, qui figurent déjà sur de nombreuses fiches de poste ».

La place des aidants : un enjeu RSE de premier plan

Alors, et si plutôt que de reléguer le sort des salariés-aidants au domaine privé, on en faisait un enjeu de responsabilité collective ?

Réduction de la charge mentale, dispositifs pour prévenir l’épuisement, aide psychologique, don de RTT de la part de collègues aidants, aménagement des horaires de travail… « Priorité doit être donnée au maintien dans l’emploi des aidants, estime Pierre Denis. Cela peut aussi passer par la mise en place de pairs-aidants au sein des effectifs, pour accompagner les collaborateurs qui sont eux-mêmes en situation d’aidance ». Ce type de démarche augmente également l’attractivité de l’entreprise, permet de réduire le taux d’absentéisme et de booster l’engagement des équipes. « La résilience d’une entreprise passe en grande partie par la fidélisation de ses talents. Accompagner les aidants, c’est aussi assurer la pérennité des équipes et de l’organisation ».

Une meilleure insertion des salariés-aidants en entreprise est donc une démarche qui bénéficie à tous. Alors que le monde du travail est en pleine mutation, une meilleure prise en compte des spécificités de chacun encourage permet à l'entreprise de se remettre en question et de replacer l’humain au centre des préoccupations.

Pour l'y aider, Flex propose un service de soutien et d’accompagnement des aidants, un appui quotidien pour soutenir les collaborateurs en situation d’aidance et alléger leur charge mentale. « Nous sommes tous des aidants potentiels… rappelle Pierre Denis. Nous n’avons d’autre choix que de redonner une place plus grande à la fragilité, pour voir émerger un monde de l’entreprise plus humain et donc plus durable ».